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NON à la pharmacie à deux vitesses

Vous avez les moyens…vous payez vos médicaments, vous bénéficiez des originaux et vous serez remboursé après…

Vous n’avez pas les moyens  de payer, vous prendrez des génériques  « made in India »…

Je me  trouve obligé par la Sécurité Sociale d’imposer ce chantage à mes clients et nous sommes un peu plus que quelques uns à le réprouver.

Cinq acteurs interviennent : le patient, le médecin, le pharmacien, les laboratoires et le couple Etat-sécurité sociale.

Le patient :

Il doit se positionner vis-à-vis de la première phrase de ce texte…Et il n’est pas satisfait. Il est interrogatif, voire suspicieux  sur ces médicaments génériques qui sont pour lui des reproductions des originaux « bon marché et délocalisées»  (sinon pourquoi  seraient-ils moins chers ?).

Le médecin :

Il voit les génériques comme un risque supplémentaire pour ses patients (le plus souvent âgés), comme une entrave à sa liberté de prescrire. Au mieux il est prêt à mentionner les DCI (dénomination commune internationale : le nom de la molécule), passant le problème au pharmacien comme on passe un  « marron trop chaud… »

Les laboratoires :

Ils sont de deux ordres : les fabricants de princeps (le produit original, par exemple le plavix) et les fabricants de génériques  (clopidogrel dans notre exemple). Parfois, souvent, ils sont les deux comme Sanofi et Zentiva (filiale de Sanofi). Pendant trop longtemps les princeps stars représentaient de véritables vaches à lait pour les labos, ce flux financier était vertueusement destiné à financer la recherche, il peut sembler aujourd’hui qu’ils  aient alimentés les dividendes et/ou les retraites chapeau.

Le pharmacien :

Il applique les règlements, les dispositions et les prescriptions du gouvernement, de la Sécurité Sociale et des médecins en essayant de faire avaler la pilule au patient…la tâche devient ardue. Notre rôle, mon rôle, c’est la dispensation de l’ensemble des produits du monopôle pharmaceutique dans les meilleures conditions de sécurité et au meilleur coût. Ce meilleur coût s’entend pour éviter le gaspillage et la surconsommation.

Et enfin le couple gouvernement-sécurité sociale :

Son rôle est de déterminer l’ensemble de la politique de santé. Il agit le plus souvent par de multiples intermédiaires qui ont mission d’être des experts. Dans notre cas, l’intermédiaire est  le comité économique des produits de santé (CEPS). Il est chargé de déterminer le prix des médicaments dans le respect des critères fixés par la loi. Le nombre de membres semble empêcher les décisions fortes vis-à-vis des laboratoires. En cas de désaccord avec le laboratoire, le CEPS fixe le prix sauf avis ministériel.  C’est donc le gouvernement qui fixe le prix des médicaments, nous dire ensuite que ce prix est trop élevé, tout en laissant imaginer à nos concitoyens que c’est les pharmaciens qui en sont responsable, c’est trop…

Si le prix est trop élevé, le gouvernement doit le diminuer. Demander au pharmacien de délivrer le  générique pour diminuer le coût est une fausse réponse.

L’action doit se situer en amont :

Après la période de protection par le brevet du médicament, la molécule tombe dans le domaine public. Alors la dénomination commune internationale (DCI) devient la référence, le nom commercial doit disparaître. Le prix est  identique (même produit = même prix).

Enfin le simple test de bioéquivalence  est insuffisant, en effet ce test est effectué sur quelques volontaires sains et en prise unique. Comment savoir si la marge de tolérance de la  biodisponibilité (comprise entre 80 et 125% par rapport au princeps) se maintient chez nos patients âgés et  prenant d’autres médicaments.

Continuez dans la voie que vous proposez c’est mettre en place la pharmacie à deux vitesses

 

Vincent Lagoubie

Pharmacien à Sarlat

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